Une crise qui ravive le rêve d'autosuffisance alimentaire
Nous avons l’habitude d’avoir accès à tout, tout le temps. Il n’est donc pas surprenant de constater une certaine forme de panique dans les supermarchés lorsque vient le temps de faire nos emplettes en prévision d’un confinement pour une durée indéterminée.
Pourtant, les enseignes l’affirment, il n’y aura pas de pénurie de produits alimentaires si les comportements d’achats restent réguliers. Malgré les enseignements du premier, le deuxième confinement a vu le retour des achats en quantité sur des produits de base, à des fins de stockage, pendant que d’autres consommateurs pointaient leur regard désabusé sur des rayons vides.
Conséquence ? Les tendances liées à l’autosuffisance alimentaire refont surface.
Le consommateur cherche à se passer des intermédiaires (industriels, distributeurs, etc.) pour reprendre la main sur sa propre consommation alimentaire. Face à une crise dont la dimension protéiforme est de plus en plus évidente (politique, économique, sociale, sanitaire et environnementale), les citoyens sont de plus en plus nombreux à faire du « mieux manger » une étape décisive dans la reconstruction d’un certain idéal commun. Dans un esprit de résistance, des micro-communautés se forment ainsi à l’échelle du village ou de la mégapole, avec en mire l’autosuffisance alimentaire, c’est-à-dire la capacité à subvenir à ses besoins alimentaires grâce à sa propre production.
Et ceci n’est pas nouveau ! Même si des associations comme Vert le jardin existent déjà en Bretagne depuis 2000, Rennes commençait sa route vers l’autosuffisance alimentaire en 2016 avec la labellisation « ville comestible de France ». Aujourd’hui, la dynamique est en marche et l’Ile-et-Vilaine compte 227 jardins partagés pour une superficie de 76000m2. Chaque année, le nombre de ces jardins ainsi que leur surface augmente.
En 2017, le film « l’éveil de la permaculture » constatait déjà une tendance émergente de ce mode de production inspiré de la nature, à la fois plus rentable à l’hectare mais aussi plus couteux en main d’œuvre. Autre exemple, l’américaine Jessica McClard s’est engagée dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dont souffrent ses concitoyens les plus démunis. En mai 2016, elle a eu l’idée d’installer un garde-manger 100% gratuit, nommé « The Little Street Pantry ». Le principe ? Des personnes ou des groupes de personnes déposent des petits bocaux étanches sur le site de leur choix et s’organisent entre eux pour coordonner le stockage des aliments. Une démarche qui s’inspire des « bibliothèques en libre-service » qui fleurissent dans les rues de plusieurs grandes villes depuis quelques années. Une façon de réinventer les circuits courts alimentaires, tout en venant en aide à ceux qui en ont le plus besoin.
Mais encore, le projet néerlandais « Organic grid + » créé en 2015 doit lui, permettre aux employés de cultiver eux-mêmes leurs aliments grâce à un jardin suspendu à l’immeuble de leur lieu de travail. Enfin, la ville d’Albi (51 000 habitants) qui fait office de pionnière en la matière, s’est engagée dès 2014 dans une réflexion sur l’autosuffisance alimentaire de son territoire, avec notamment une démarche pour une agriculture et une alimentation de proximité. Baptisé « Projet Alimentaire Territorial de l’Albigeois », cette initiative ambitieuse visait l’autosuffisance alimentaire pour 2020.
Toutefois, certains obstacles politiques, économiques et sociaux se dressent encore devant ces idéaux. C’est le cas de la ville d’Albi qui a encore du mal aujourd’hui à trouver les hectares suffisants pour nourrir l’ensemble de sa population. D’autres obstacles sont aussi directement liés aux résistances des consommateurs. En effet, après l’opulence que nous connaissons depuis si longtemps, pourrions-nous vraiment nous résigner à ne consommer certains aliments frais qu’au cours des quelques semaines de l’année où ils sont disponibles ? Outre la disponibilité des produits, le prix représente également un obstacle majeur à l’essor des aliments locaux.
Au final, les attentes des consommateurs pour l’alimentation locale, saine, maîtrisée et de saison sont indéniables et se retrouvent dans l’idéal imaginaire de l’autosuffisance alimentaire. Il est nécessaire de prendre conscience de ces attentes consommateurs, de les comprendre pleinement et d’innover en adaptant les offres produits-packs-services et les modes de production à ces évolutions.
Nous sommes là pour vous accompagner dans cette voie ;)
Sources :
Albi vise l’autosuffisance alimentaire
Une crise qui ravive le rêve d’autosuffisance alimentaire