Quel avenir pour l'intelligence collective en période de distanciation sociale ?

Bureaux individuels, masques obligatoires, distances de sécurité, désinfection de toutes les surfaces et de tous les objets touchés, incitation au télétravail… En période d’incertitude totale due à la crise sanitaire, de nombreuses mesures sont mises en place pour essayer de ralentir l’épidémie. Ces mesures restrictives peuvent devenir un réel casse-tête pour les entreprises et notamment celles partisanes et ambassadrices de l’intelligence collective.

D’après Emile Servan-Schreiber, Docteur en psychologie cognitive et auteur d’un essai sur l’intelligence collective, « Il faut éliminer l’idée qu’il y a des cerveaux providentiels qui ont toutes les solutions, qu’il s’agisse du cabinet BCG, d’Edouard Philippe ou d’un grand patron. Quand un problème est complexe, personne ne peut imaginer seul ce qui va marcher. On doit faire confiance à l’intelligence de chacun sur son terrain. La diversité est le moteur de l’intelligence collective. Ce n’est pas un impératif moral, c’est une vérité mathématique. Le théorème de la diversité nous dit que l’intelligence d’un groupe résulte autant de la diversité des opinions que de l’expertise de chacun. Cela ne sert à rien d’être en groupe si tout le monde pense pareil. Il est essentiel d’assembler des gens qui voient un problème de façons différentes, même si certains sont moins experts que d’autres. ».

Pour ce docteur en psychologie, qui prédit même « la mort de l’open space », « l’avenir est donc au déconfinement de l’intelligence des collaborateurs, via les outils numériques, afin qu’ils contribuent en nombre à l’innovation et aux décisions stratégiques. Cela permet de meilleures décisions et une meilleure adhésion. »

Alors, comment continuer de rassembler les gens lorsque toutes ces mesures sanitaires s’imposent à nous ?

Passer par les outils numériques apparait donc comme une solution évidente, d’autant plus qu’ils seraient compatibles avec l’empathie et l’écoute, caractéristiques essentielles du travail en intelligence collective : « La voix, par exemple, est plus intime que l’image. Les études montrent que les groupes les plus intelligents sont ceux où il y a une écoute empathique et une distribution du temps de parole équitable. Et que cela marche aussi bien à travers des écrans et Internet qu’en présentiel. »

Ainsi, le recours aux outils numériques (Discord, Zoom, Gotowebinar, Teams, Slack, Trello, Hangouts…)  et au télétravail s’accélère. Cependant, au-delà de l’écoute et de l’empathie, Il y a quelque chose de profondément humain dans l’intelligence collective, c’est une démarche qui s’appuie sur le fait d’être et de faire physiquement ensemble. Des modifications de méthodologie et d’outils permettent de mener des actions d’intelligence collective, par exemple des ateliers de créativité, en respectant les mesures sanitaires actuelles (port du masque, distanciation, non manipulation d’objets) sans impacter le résultat escompté.

En conclusion, l’avenir de l’intelligence collective s’oriente inévitablement vers des modes à distance, avec des outils de mieux en mieux adaptés. Toutefois, l’expertise de facilitateurs sera déterminante dans la construction de méthodologies, notamment afin de créer et de maintenir une dynamique de groupe. Il s’agira d’éviter une simple transposition numérique de la méthodologie existante pour ne pas perdre sa valeur.  Pour les entreprises et notamment celles de l’agroalimentaire, il sera important de déterminer, selon les circonstances, la méthode et les outils appropriés les mieux adaptés à l’objectif poursuivi.

Sources :

La diversité est le moteur de l’intelligence collective

« Après la distanciation sociale, je parie sur la mort de l’open space »

Comment organiser l’intelligence collective à distance ?

Image : Getty