La littératie alimentaire : zoom sur un concept émergent

La littératie alimentaire : l’éducation alimentaire, un puissant levier de changement social ?

Connaître l’origine des aliments que l’on consomme. Savoir les choisir, les reconnaître, les apprêter, les cuisiner, les conserver… Voilà quelques unes des nombreuses facettes d’un savoir-faire qu’il est essentiel de posséder pour être en mesure de faire de bons choix alimentaires.

L’effritement des connaissances alimentaires et des compétences culinaires préoccupe les autorités et les observateurs depuis plusieurs années déjà. Mais, plus récemment, la communauté scientifique s’est penchée sur cette question avec un nouveau regard et une perspective beaucoup plus large. En effet, plutôt que de circonscrire la problématique strictement autour des compétences culinaires, la recherche porte désormais sur un concept plus englobant : la « littératie alimentaire ». Nommée une première fois en 2001 par la chercheuse et professeure américaine Kathryn Kolasa, de la East Carolina University, la food literacy a fait l’objet d’un grand nombre de publications, tout spécialement depuis 2015. Même si sa définition exacte ne fait pas consensus, la majorité des chercheurs s’entendent sur le fait que la littératie alimentaire englobe non seulement l’ensemble des compétences culinaires et des connaissances alimentaires, mais également un certain nombre d’attitudes et de perceptions (comme le sentiment d’auto-efficacité) en plus d’être directement influencée par le contexte social et le système alimentaire. Directrice du Département de nutrition à l’Université de Montréal, Marie Marquis s’intéresse depuis plusieurs années aux comportements alimentaires et à leurs déterminants. Par ses travaux de recherche, et ceux d’étudiants sous sa supervision, elle a suivi de près l’évolution de ce nouveau concept scientifique.

« La littératie alimentaire va de la source de l’aliment – savoir d’où viennent les aliments – jusqu’à sa consommation, explique-t-elle. Avoir une bonne littératie alimentaire implique donc de détenir des compétences pour acheter l’aliment, pour lire les étiquettes, pour comprendre l’importance des sources alimentaires locales. La littératie alimentaire implique ainsi des habiletés non seulement sur le plan nutritionnel, mais aussi des compétences au niveau social, peut-être même au niveau politique et sociologique. Ce sont ces habiletés qui nous guident dans nos achats alimentaires et nous permettent notamment d’avoir un regard critique sur la provenance des aliments ainsi que l’omniprésence des aliments transformés. Une fois que les aliments sont achetés, la littératie alimentaire nous permet également de bien les préparer et les conserver. C’est aussi ce qui nous amène à prendre conscience de l’importance de la commensalité, du fait qu’on ne mange pas de la même manière si on mange seul plutôt qu’avec d’autres personnes.» Marie Marquis

Une réponse face à une réalité inquiétante : une déconnexion des jeunes à l’égard de leur alimentation et une consommation croissante de produits ultra-transformés :

«Les jeunes ne saisissent plus ce lien fondamental qu’ils entretiennent avec le monde vivant au travers de leur alimentation, analyse Lucie Sauvé. Les aliments deviennent ainsi des objets auxquels les jeunes ne portent pas suffisamment attention. » Lucie Sauvé, Professeure associée à l’UQAM, et fondatrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté.

Seul un enfant français sur quatre aurait une alimentation saine. La majorité d’entre-eux manque de calcium et mange des plats préparés, plus rapides. C’est ce que révèle l’enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC).

Selon ce nouveau rapport sur les habitudes alimentaires des jeunes Français, la consommation de quiches, de pizzas et autres produits industriels a augmenté de près de 40% – 39% chez les 3-5 ans, et 38% chez les 6-10 ans – entre 2007 et 2016.

À l’inverse, les enfants mangent moins de poisson, en baisse de près de 20% dans les assiettes des 3-5 ans et des 6-10 ans. La viande, les fruits et les légumes se font également plus rares dans les menus : -23% chez les 3-5 ans et -15% chez les 6-10 ans. Autre constat, conséquence des doutes des parents à l’égard des bienfaits du lait et des produits laitiers : 45% des 6-10 ans manquent de calcium, contre 20% des 3-5 ans. Soit 5 fois plus qu’en 2010.

En savoir plus : Dossier spécial | La littératie alimentaire: puissant levier de changement social-Magazine 100°

 

Source :
https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/alimentation-1-enfant-sur-4-seulement-se-nourrit-sainement-7797546577
https://centdegres.ca/magazine/alimentation/

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