Gaspillage alimentaire et évolutions des comportements liés à l'inflation

Le contexte économique actuel est vecteur d’un changement radical dans le comportement d’achat et de consommation des individus. En effet, selon l’INSEE, la consommation des biens alimentaires a diminué de 10% entre décembre 2021 et juin 2023 et elle affirmait en octobre une hausse de +7,8 % des prix alimentaires.

L’inflation a opéré à des changements considérables entre 2021 et 2023 :

  • 80% des produits des caddies français sont des produits de marque distributeur – MDD, soit une augmentation de 5 points par rapport à 2021
  • Baisse considérable de l’achat de produits :
    • Locaux (57,6% en 2021 contre 49,3% en 2023)
    • BIO (41,9% en 2021 contre 32,3% en 2023)
  • 60% des français affirment que leur acte d’achat est conditionné par les offres promotionnelles (recherche dans les magasins, sur les prospectus…).

Une étude menée par Cways/Fondation Nestlé France en novembre dernier a démontré que  37% des Français se déclareraient en insécurité alimentaire en 2023 contre 11% en 2015. « Frappés par l’inflation, les ménages privilégient les produits premiers prix, réduisent les quantités et éliminent les aliments comme le poisson et la viande pour s’orienter vers les féculents ou les conserves », Pascale Hébel (CWays), spécialiste des comportements alimentaires pour Challenges.

 

Pour autant, en parallèle, le gaspillage alimentaire reste important.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis en évidence récemment qu’un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde sont gaspillées ou perdues à n’importe quel stade de la chaîne de de fabrication et d’approvisionnement alimentaire.

La Commission Européenne a mis en place depuis quelques années un cadre de surveillance des déchets alimentaires issus des états membres afin de suivre l’évolution et vérifier la vivacité des mesures mises en place dans cette lutte. Récemment, le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a publié un rapport réalisé en 2022 sur des données récoltées en 2020. Celui-ci montre que le gaspillage alimentaire est estimé à plus de 8,7 millions de tonnes en France (soit 60kg/an/habitant de déchets comestibles et non comestibles). Les responsables sont majoritairement les ménages, puisqu’ils génèrent 46% du gaspillage alimentaire français. Suivent ensuite l’industrie agroalimentaire produisant 20% de gaspillage, la production primaire 14%, la restauration hors domicile 12% et enfin la distribution qui génère 7% de déchets alimentaires.

Aujourd’hui, le rapport à la consommation évolue de manière transitoire ; de nombreux ménages revoient leur manière d’acheter et de consommer pour des raisons essentiellement économiques. Ceci fait le lien avec le sujet de fond qu’est le gaspillage alimentaire. En effet, si les français sont de plus en plus vigilants et conscients de leur consommation, les volumes de déchets générés pourraient alors diminuer significativement (Emily Mayer, analyste spécialiste produits de grandes consommations pour NOVETIC).

Le contexte actuel et les enjeux climatiques sont des vecteurs de changement de notre façon de consommer. Pour aller en ce sens, des habitudes peuvent être mises en place, pour que progressivement, les petits pas de chacun puissent opérer de grands changements positifs pour limiter le gaspillage et faire des économies :

  • Planifier ses repas pour la semaine (batch cooking) en n’achetant que les produits qui serviront à la conception des recettes en une seule fois
  • Préparer sa liste de course afin d’éviter les achats impulsifs
  • Surfer sur les sites de cuisine et les réseaux sociaux pour trouver des recettes anti-gaspi avec les restes du frigo par exemple
  • Être vigilant sur les dates de péremption (les produits secs comme les gâteaux, les pâtes, etc peuvent être consommés après la date limite dépassée)
  • Mettre en application la méthode PEPS : premier entré = premier sorti. Elle consiste, une fois les courses réalisées, à mettre les aliments achetés récemment dans le fond des placards ou des frigos, afin d’utiliser en priorité les produits entamés et/ou à date courte…

Un autre moyen est de prendre en compte ces éléments lors de la génération d’innovations alimentaires ou de l’optimisation de produits existants, en travaillant par exemple sur des quantités adaptées aux usages des consommateurs, sur les emballages, les durées de vie… afin de proposer des prix acceptables et de réduire le gaspillage alimentaire.

 

Sources :

novethic.fr, déconsommation-alimentaire du jamais vu depuis les années 80

agriculture.gouv, Gaspillage alimentaire, des nouvelles données pour la France

agriculture.gouv, consommateurs, producteurs, territoires, tous concernés par la lutte contre le gaspillage

yougov.com, bilan 2023 des super et hypermarchés

 

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